Cinéma

Sorry we missed you, un film dénonciateur d’importance !

Jobs zero hour, entreprenariat en lieu et place de CDD sous-payés, effondrement des droits des travailleurs, la nouvelle charge de Ken Loach contre le sytème est violente. Et s’il avait raison…?

Le Pitch

Ricky, Abby et leurs deux enfants vivent à Newcastle. Leur famille est soudée et les parents travaillent dur. Alors qu’Abby travaille avec dévouement pour des personnes âgées à domicile, Ricky enchaîne les jobs mal payés ; ils réalisent que jamais ils ne pourront devenir indépendants ni propriétaires de leur maison. C’est maintenant ou jamais ! Une réelle opportunité semble leur être offerte par la révolution numérique : Abby vend alors sa voiture pour que Ricky puisse acheter une camionnette afin de devenir chauffeur-livreur à son compte. Mais les dérives de ce nouveau monde moderne auront des répercussions majeures sur toute la famille…

Le film

Nous voici entrés dans un millénaire étonnant : à la révolution numérique, s’ajoute une révolution sociale inédite. En effet, plus le nombre de personnes qui la refusent s’accroît, plus cette révolution s’impose !

Après un Moi Daniel Blake bouleversant, Ken Loach nous entraîne dans le monde de l’individualisme, qui flattant l’ego des nouvelles générations, promeut l’auto-entreprenariat comme valeur ultime des néo-travailleurs.

Or, à l’instar des chauffeurs Uber, embarqués dans un entonnoir infernal, Ricky, le héros loachien se trouve littéralement aspiré dans un système qui ne laisse pas de place à l’erreur, au retard, ou à l’impondérable.

Seul le résultat compte pour des managers sans pitié qui paient les chauffeurs à la réussite. Après avoir fortement incité des travailleurs à s’endetter sous le prétexte de se « libérer », il les enferment dans une nouvelle forme de hiérarchie : celle d’une performance répondant à leurs seuls critères.

La dictature du marché, voire des consommateurs que nous sommes tous, pulvérise les relations humaines et  les comportements sociaux. Hyper consommation rime désormais avec hyper exigence, hypers profits et hyper déshumanisation.

À cette misère sociale, s’ajoute un effondrement familial dénoncé par Loach mais rattrapé de justesse avec une fin positive. On sourit souvent, mais on sort de ce film asphyxié et groggy face une violence psychologique qui assène des coups tout aussi rudes que dans un combat physique.

No pasaran avec Ken Loach. On le sait avec ce cinéaste… on y souscrit une nouvelle fois avec enthousiasme.

😉 😉 😉

Ken Loach

Kenneth « Ken » Loach est né le 17 juin 1936 à Nuneaton en Angleterre.

Élève brillant, il étudie le droit à Oxford au St Peter’s College.

Engagé en 1963 à la BBC, il réalise un premier film pour la télévision Cathy Come Home (1966) sur une famille confrontée au chômage.

En 1967, il réalise son premier film pour le cinéma Pas de larmes pour Joy suivi de Kes (1969) qui le fait connaître auprès du public.

La consécration arrive dans les années 1990 et 2000 : Riff-Raff(1990), Raining Stone (1993) Ladybird (1994) Land and Freedom (1995) My name is Joe (1998), Bread and Roses (2000), Sweet Sixteen (2002), Looking for Eric (2009) et La Part des anges (2012).

Sélectionné 19 fois au Festival de Cannes dont 14 fois en sélection officielle, Ken Loach a obtenu deux fois la Palme d’or pour Le vent se lève (2006) et Moi, Daniel Blake (2016).

Noté par Mictolblog

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Bouton retour en haut de la page