Le résumé
Deux étudiants en agronomie, angoissés comme toute leur génération par la crise écologique, refusent le défaitisme et se mettent en tête de changer le monde. Kevin, fils d’ouvriers agricoles, lance une start-up de vermicompostage et endosse l’uniforme du parfait transfuge sur la scène du capitalisme vert. Arthur, enfant de la bourgeoisie, tente de régénérer le champ familial ruiné par les pesticides mais se heurte à la réalité de la vie rurale. Au fil de leur apprentissage, les deux amis mettent leurs idéaux à rude épreuve.
Du bocage normand à la Silicon Valley, des cellules anarchistes aux salons ministériels, Gaspard Kœnig raconte les paradoxes de notre temps – mobilité sociale et mépris de classe, promesse de progrès et insurrection écologique, amour impossible et désespoir héroïque… Une histoire de terre et d’hommes, dans la grande veine de la littérature réaliste.
Ce que l’on peut en penser
Cité pour le Goncourt, l’ouvrage de Gaspard Koenig, ex-candidat putatif à la mairie de Paris, s’est « contenté » du Prix Interallié. Livre d’importance, brassant les idéaux et impasses de notre époque sur le rapport à la nature, Humus demeure imparfait tout en étant si séduisant.
Imparfait, car après la narration des années d’apprentissage à AgroParis Tech véritablement éclairante sur nos positionnements à géométrie variable, l’auteur nous emporte dans un univers néo-libéral où l’ascension et la chute semblent inévitables et corrélées au sexe, mensonges, trahisons et déboires divers. Et là réside peut-être un certain trop plein.
Néanmoins on suit avec grand interêt les aventures de Rastignac aux petits pieds, idéalistes et naïfs, qui refuseront in fine de perdre leurs âmes pour des causes qui leur semblent désormais perdues. Cynique et documenté Humus s’impose comme un vrai roman différent, nous entraînant sur le chemin d’une réflexion de nos propres apports à un monde qui se délite finalement de notre fait.