Avec Le Coeur de l’Angleterre, Jonathan Coe nous raconte son pays entre 2010 et 2018 au moment où le Brexit le traverse et le déchire. Politique et romanesque se mêlent avec l’humour si british de Coe.
Le résumé
Comment en est-on arrivé là ?
C’est la question que se pose Jonathan Coe dans ce roman brillant qui chronique avec une ironie mordante l’histoire politique de l’Angleterre des années 2010. Du premier gouvernement de coalition en Grande-Bretagne aux émeutes de Londres en 2011, de la fièvre joyeuse et collective des Jeux Olympiques de 2012 au couperet du référendum sur le Brexit, Le coeur de l’Angleterre explore avec humour et mélancolie les désillusions publiques et privées d’une nation en crise.
Dans cette période trouble où les destins individuels et collectifs basculent, les membres de la famille Trotter reprennent du service. Benjamin a maintenant cinquante ans et s’engage dans une improbable carrière littéraire, sa soeur Lois voit ses anciens démons revenir la hanter, son vieux père Colin n’aspire qu’à voter en faveur d’une sortie de l’Europe et sa nièce Sophie se demande si le Brexit est une cause valable de divorce.
Au fil de cette méditation douce-amère sur les relations humaines, la perte et le passage inexorable du temps, le chantre incontesté de l’Angleterre questionne avec malice les grandes sources de crispation contemporaines : le nationalisme, l’austérité, le politiquement correct et les identités.
Le livre
Le grand souffle de Coe, sa grande période, réside dans le succès du dyptique Bienvenue au club (The Rotters’ Club), suivi par Le Cercle fermé (The Closed Circle), même si cette réussite se poursuivra avec Testament à l’anglaise.
Le Coeur de l’Angleterre, transforme en tryptique les premiers succès de Coe ; dans la même veine : humour, fond existentiel, et critique satirique de la société politique anglaise. Mais, est-ce l’âge, est-ce la distance entre les livres et les personnages (16 ans !), est-ce le choc d’une société fracturée, on ne retrouve pas cette verve enjouée, caustique et élégante des débuts.
Et bien que l’on sente en terre familière avec son écriture coulante et explicite et cette distanciation ironique si bien portée de l’autre côté de la Manche, on s’ennuie un peu dans ce drame entre happy few et roturiers revanchards.
Le Coeur de l’Angleterre, aurait pu (du ?) être le grand roman du Brexit, de la compréhension de 2 mondes antagonistes qu’on retrouvent également en Europe occidentale et aux Etats-Unis. Mais Coe, malgré sa connaissance profonde des mécanismes de son pays semble se positionner ni en observateur impartial ni en partisan effréné du Remain…
Donc, on lit, on finit ce nouveau opus de Jonathan Coe, en se disant à la fin que, malgré tout, on aurait pu aussi bien ne pas le lire et être tout aussi heureux… snif
😉 😉
Son interview
L’auteur
Jonathan Coe a étudié à la King Edward’s School à Birmingham et au Trinity College à Cambridge avant d’enseigner à l’Université de Warwick.
Il s’intéresse à la littérature ainsi qu’à la musique et fait partie d’un groupe musical, expérience qu’il utilisera dans son troisième roman « les nains de la mort ».
Il doit sa notoriété à l’étranger à son quatrième roman « Testament à l’anglaise ». Cette virulente satire de la société britannique des années du thatchérisme a connu un important succès auprès du public.
Jonathan Coe a reçu le Prix Médicis étranger en 1998 pour « La Maison du sommeil ».
Le cœur de l’Angleterre deJonathan Coe
EAN : 9782072829529 558 pages
Éditeur : Gallimard ( sortie 22/08/2019)