Cet album relate les actions de résistants étrangers fusillés en France et immortalisés par « l’Affiche Rouge » que les nazis ont placardée pour les présenter comme des terroristes. Il s’agit du groupe Manouchian (réfugié Arménien marqué par le massacre de sa famille lors du Génocide opéré par les Turcs) qui regroupe des combattants majoritairement étrangers et réfugiés en France et ayant rejoint la Résistance.
La BD est construite autour de cette fameuse Affiche Rouge avec les photos des 10 résistants que le récit nous présente les uns après les autres en se concentrant prioritairement sur le parcours de Missak Manouchian.
Le graphisme de Thomas Tcherkezian fait écho à cette affiche en se développant dans les tons rouge et gris. Son trait est clair, l’épure est un peu froide mais le rendu est beau et bien mis en scène. Régulièrement, les planches laissent la place à une pleine page présentant le portrait en N&B d’un des résistants du groupe avec une courte biographie. On y découvre ainsi les 10 fusillés de l’affiche.
Sur la moitié de l’album, l’histoire est très proche de Missak Manouchian et on le suit comme un vrai personnage de BD.
C’est une lecture plaisante et on s’intéresse vite à cet homme au parcours dur et engagé. Mais une fois entrée dans la Résistance la narration se fait plus distante, plus factuelle car l’on y trouve une succession d’attaques violentes, d’assassinats ciblés et autres sabotages.
Alors que l’album offre une très belle esthétique et une intéressante structure autour de la biographie aventureuse de Missak Manouchian, sa seconde partie prend la forme d’une classique BD historique moins prenante.
Le lecteur en sortira informé mais moins touché qu’il l’aurait pu.
Pascal Roussillon