Un film d’auteur, un film intimiste, une fresque sociale, une oeuvre politique et de mémoire, un marqueur historique, un hommage aux femmes, un plaisir esthétique. Roma (à voir exclusivement sur Netflix) fonctionne comme une auberge espagnole qui serait mexicaine et offre aux spectateurs la possibilité d’y retrouver une palette incomparable d’émotions.
Le pitch
Portant le nom du quartier de Mexico où son réalisateur a grandi, Roma suit l’odyssée personnelle de Cleo, femme de ménage mixtèque (ethnie d’Oaxaca, Etat méridional du Mexique) vivant chez ses employeurs blancs. Sa routine, ses amours tragiques, son courage et sa dévotion aux enfants en parallèle de l’histoire de la famille constituent l’axe autour duquel se meuvent les différents personnages.
Le film
Avec un superbe noir et blanc numérique, Cuarón film le quotidien banal d’une famille d’un quartier de Mexico dans les années 1970. Avec de longs plans séquence, avec une fausse lenteur mais une vraie langueur permettant de s’imprégner de la banalité, Roma nous fait entrer dans un univers féminin rythmé par la vie des enfants et le départ du père.
Sans pathos, sans effet de manche ou effet musical, le film nous emporte dans la condition féminine d’une époque si proche et qui pourtant paraît déjà lointaine. La mise en profondeur historique avec les répressions policières sanglantes des années 1970 permet d’éviter l’écueil du film personnel et trop intimiste.
Sensible mais non pleurnichard, émouvant et non infantilisant, Roma ajoute aux mouvements de fond d’une foule familiale les tumultes d’une nation qui veut grandir.
Les scènes d’introduction et de fin affichent une similitude troublante où l’on nettoie ce qui a été sali comme pour repartir à zéro avec une ouverture symbolisée par l’avion qui , traversant l’écran-miroir, nous offre une échappatoire vers un avenir sans doute plus radieux.
Une merveille 😉 😉 😉
