
Le Silent Jenny, vaisseau terrestere, erre dans une immensité d’un univers post-apocalyptique. À son bord, un équipage disparate survit comme ii peut tout en recherchant les dernières traces des abeilles, symboles du monde disparu.
Dans cet univers où tout espoir et repère ont disparu, chaque membre de l’équipage porte ses propres blessures et secrets. Leurs relations, empreintes de tension et de solidarité fragile, sont mises à l’épreuve par les épreuves du voyage et la menace permanente d’une planète laissée à l’abandon.
À travers ce road trip silencieux et inquiet, Bablet interroge le sens de l’existence, la mémoire et la capacité humaine à trouver un sens à la survie, même quand tout semble perdu.
Silent Jenny de Bablet pourrait être la bande dessinée du silence, tant celui-ci s’impose dans une atmosphère à la fois étrange et poétique. Bablet parvient à instaurer une tension narrative impressionnante, en exploitant le non-dit et en jouant sur les regards, les gestes, et les paysages urbains déserts. Contemplatif, presque hypnotique, le récit et le dessin invite à la réflexion sur la solitude, l’isolement et un mode fini.
Graphiquement, Silent Jenny se distingue par un trait précis et une palette de couleurs froide, parfois crépusculaire, qui accentue le sentiment d’étrangeté. Les décors, souvent monumentaux et vides, participent à cette impression de monde en suspens.
Sur le plan du scénario, l’auteur, après les magnifiques Shangri-La et Carbone & Silicium, propose une intrigue minimaliste centrée sur le parcours intérieur de Jenny. Le silence permet d’explorer la psychologie de l’héroïne, ses doutes, ses peurs et ses espoirs.

La force de cette oeuvre réside aussi dans sa capacité à aborder des thématiques universelles telles que la quête d’identité, la résilience face à l’adversité, et la nature disparue. Bablet invite à ralentir, à observer, à ressentir plutôt qu’à comprendre immédiatement. Cette dimension quasi contemplative fait de l’album une expérience singulière.
Oeuvre audacieuse, à la fois graphique et introspective, ne laissera pas indifférent. Si son rythme lent et son absence de dialogues peuvent dérouter, ils contribuent aussi à sa force évocatrice.




