Couleur de peau, héritage culturel amour des livres et de la beauté… Belle Da Costa Green est révélée en majesté par le bon roman d’Alexandra Lapierre chez Flammarion.
L’histoire
New York, dans les années 1900. Une jeune fille, que passionnent les livres rares, se joue du destin et gravit tous les échelons. Elle devient la directrice de la fabuleuse bibliothèque du magnat J.P. Morgan et la coqueluche de l’aristocratie internationale, sous le faux nom de Belle da Costa Greene. Belle Greene pour les intimes. En vérité, elle triche sur tout. Car la flamboyante collectionneuse qui fait tourner les têtes et règne sur le monde des bibliophiles cache un terrible secret, dans une Amérique violemment raciste. Bien qu’elle paraisse blanche, elle est en réalité afro-américaine. Et, de surcroît, fille d’un célèbre activiste noir qui voit sa volonté de cacher ses origines comme une trahison.
C’est ce drame d’un être écartelé entre son histoire et son choix d’appartenir à la société qui opprime son peuple que raconte Alexandra Lapierre. Fruit de trois années d’enquête, ce roman retrace les victoires et les déchirements d’une femme pleine de vie, aussi libre que déterminée, dont les stupéfiantes audaces font écho aux combats d’aujourd’hui.
Le livre
Belle Greene est l’histoire d’une mystification, à une époque pas si lointaine où la couleur de peau était bien plus discriminante qu’aujourd’hui. Alexandra Lapierre s’est lancée avec fougue et talent dans la narration de la vie d’une femme (et de sa famille) dans une quête de reconnaissance à tout prix.
Histoire vraie, elle passionne par cette volonté farouche et cette détermination dans laquelle Belle, emportant ses proches avec elle, conquière l’Amérique cultivée de cette époque.
Malgré tout le talent de l’auteur et la véracité de ce parcours, le livre lasse à certains passages par une forme d’étalage d’érudition et de précision apporté par les recherches sans doute nombreuses nécessaires à la rédaction. Plus concis, Belle Green aurait pu emporter le lecteur plus loin. Il n’en reste pas moins un roman distrayant et instructif sur un milieu et une époque dont les méandres sont fascinants.
À rapprocher sans doute, même s’il s’agit d’un autre genre littéraire, de J’irai cracher sur vos tombes de Vernon Sullivan (Boris Vian) et de son adaptation en BD.