Bluffant, dérangeant et agressif Caïd en 10 courts épisodes sur Netflix, accélère le rythme cardiaque des spectateurs. Pour tous les amateurs de polar très très noir…
L’histoire
La série raconte l’histoire de Tony (Abdramane Diakité), à la tête d’un réseau de cannabis dans une cité, qui rêve de devenir rappeur après un séjour en prison. Le label de sa maison de disques lui envoie un réalisateur, Franck (Sébastien Houbani) et un cameraman pour tourner un clip. Les deux hommes, coincés au milieu de l’ensemble urbain, filment en permanence la vie violente des dealers, les fusillades, les règlements de comptes et se retrouvent embarqués malgré eux dans une guerre des gangs
La série
Caïd avait fait sensation en octobre 2017, au 22e festival Polar, où il décrochait le prix du meilleur policier francophone. Film français autoproduit par deux réalisateurs inconnus,le voici en série sur Netflix ! Thriller, présenté dans un format court inédit Caïd plonge dans le quotidien de trafiquants de drogue d’une cité de Martigues.
Avec une véracité qui semble hors du commun, en immersion dès les premières secondes, le spectateur est scotché à son fauteuil par les plans serrés et les mouvements saccadés et se retrouve en voyeur fasciné par un thriller ultra-réaliste. Percutant, dynamique et ultra violent, Caïd nous plonge sans concession dans les quartiers chauds d’une cité, comme on ne les a jamais vus, loin, très loin de la forme d’angélisme du film Les Misérables.
La rage, la violence, l’enfermement, les règlements de compte, la soumission et l’abaissement permanent pour le « charbonnage » sont omniprésents… tout comme la volonté de s’en sortir d’un « héros » négatif qui joue également la carte du tendre (la sœur qui sermonne, la maman qu’on embrasse le petit frère qui admire le grand, la musique en porte de sortie..
Les réalisateurs de « Caïd » ont voulu faire le Gomorra à la française s’inspirant de cette série italienne sur la mafia. « On a voulu coller au plus près de la réalité en recrutant les comédiens en casting sauvage, dans les environs de Marseille, raconte Ange Basterga. Il nous fallait cette verve authentique et nous avons voulu montrer les femmes fortes des cités, à travers la sœur de Tony. On a aussi beaucoup de séquences d’improvisation. » La petite autoproduction à 70 000 euros, adaptée et désormais diffusée sur Netflix dans de très nombreux pays, fait dire à Ange Basterga qu’il « ne faut rien lâcher, que le travail paye pour réaliser ses rêves ».
Étonnant et dérangeant dans le paysage audiovisuel français, et dans le même temps hautement intéressant.