Lëd de Caryl Férey (Les Arènes) est un polar glaçant, mais pas que ! À découvrir au plus vite.
L’Histoire
Norilsk est la ville de Sibérie la plus au nord et la plus polluée au monde. Dans cet univers dantesque où les aurores boréales se succèdent, les températures peuvent descendre sous les 60°C.
Au lendemain d’un ouragan arctique, le cadavre d’un éleveur de rennes émerge des décombres d’un toit d’immeuble, arraché par les éléments. Boris, flic flegmatique banni d’Irkoutsk, est chargé de l’affaire.
Dans cette prison à ciel ouvert, il découvre une jeunesse qui s’épuise à la mine, s’invente des échappatoires, s’évade et aime au mépris du danger. Parce qu’à Norilsk, où la corruption est partout, chacun se surveille.
Et la menace rôde tandis que Boris s’entête…
Le livre
Caryl Férey écrit des polars pour parler du monde qui nous entoure, c’est lui qui le dit et chaque page de ses livres en est une preuve tangible.
Après des explorations géographiques plutôt sous le signe de la chaleur (Zulu, Mapuche, Condot, Paz (* voir critique ci-dessous), Caryl Férey nous fait découvrir le grand froid sibérien de Norilsk. Mais surtout, son thriller nous révèle le nouveau sentiment russe vis-à-vis du monde actuel. Largement inspiré des ouvrages de Svetlana Alexievitch (**voir autre critique ci-dessous) Lëd est un vrai révélateur des courants de pensée diverses qui traversent l’ex-Union soviétique en proie à une confrontation, on le lit, douloureuse avec un occident désiré et ô combien décevant.
Bien évidemment, la construction du polar est fascinante, tant la descente aux enfers (et c’est le cas de le dire) est de plus en plus présente, Mais l’apprentissage accéléré de la connaissance de la Russie et de ses pensées les plus profondes est bien le premier intérêt de très bon roman, avec en filigrane les chansons de David Bowie.
Interview de l’auteur
Citation
« Né après la chute du Mur, il n’y avait plus de camarade qui tienne, de mythe, de communauté de pensée, d’avenir radieux, cette soupe qu’on avait servie à des générations de serfs devenus souffre-douleur des commissaires politiques : Nikita ne voyait que des barbelés dans le communisme, des codes-barres dans le capitalisme, un patriarche de l’Église orthodoxe plein aux as dans le rêve de dieu, qui s’était fait construire un château de la taille d’une forteresse en interdisant aux autres de se faire enculer, comme si la croupe des Russes n’était déjà pas pleine. »
Pour aller plus loin
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