Après La Haine, comment filmer la banlieue et en restituer l’âme sans caricaturer ou réduire. Ladj Ly le réalisateur s’y emploie avec talent mais est-ce vraiment suffisant ?
L’histoire
Stéphane, tout juste arrivé de Cherbourg, intègre la Brigade Anti-Criminalité de Montfermeil, dans le 93. Il va faire la rencontre de ses nouveaux coéquipiers, Chris et Gwada, deux « Bacqueux » d’expérience. Il découvre rapidement les tensions entre les différents groupes du quartier. Alors qu’ils se trouvent débordés lors d’une interpellation, un drone filme leurs moindres faits et gestes…
Le film
Ladj Ly a remporté le prix du jury à Cannes avec Les misérables ce film noir situé à Montfermeil, Seine Saint Denis. Victor Hugo ne se retourne peut-être pas dans sa tombe devant la description lucide du quotidien des jeunes dans une cité si périphérique de Paris qu’elle en paraît à des milliers de kilomètres, mais que penserait-il de cette esquisse inachevée ?
Petits caïds, frères musulmans, chômeurs désabusés, parents débordés et flics avec l’autoritarisme pour unique réponse se répondent au rythme d’une intrigue dont la présence est à contrario justifiée par la mise en valeur de la toile de fond.
Car, on la voit cette banlieue dont le nom seul fait trembler les habitants de la capitale. Pourtant, les énergies, les talents, les envies débordent dans un cadre bien trop étroit pour autant de vitalité.
Quelques caricatures, quelques approximations, quelques raccourcis empêchent le spectateur de plonger dans la véritable fresque que le sujet exige.
Revoyons en parallèle La Haine, Gommora, Suburra, Deepan, The Wire… à l’aune d’un désespoir hurlé par les plus jeunes à la face de tous les pouvoirs établis légitimes ou non.
Les Misérables est le film du manque… de celui de la clairvoyance mais certes pas celui de l’ambition…
😉 😉
Du coup je me lance dans les haïkus : « quand il fait noir dehors, la seule lumière est dans les tunnels. »