Réconcilier les français avec la politique et surtout avec la démocratie ! Voici le thème du nouvel ouvrage de Raphaël Glucksmann, désormais co-animateur du mouvement Place Publique avec l’économiste Thomas Porcher, l’écologiste Claire Nouvian et d’autres personnalités de la société civile.
Alors si vous avez entre zéro et cinquante ans, vous êtes un enfant du vide dans un époque où le lien social en crise et les structures collectives tendant à disparaître appellent à un sursaut urgent d’après l’auteur.
Le pitch
« Des chemins existent pour sortir de l’impasse individualiste. Saurons-nous les emprunter ?
Notre échec est grandiose.
Nous pensions que la démocratie allait s’étendre sur le globe, mais elle est en crise partout. Nous chantions les bienfaits des échanges, mais la mixité sociale recule et de nouveaux murs s’érigent chaque jour. Nous avions la religion du progrès, mais le réchauffement climatique prépare la pire des régressions.
L’insurrection populiste et le désastre écologique en cours montrent que le logiciel néolibéral nous mène dans l’abîme.
Pour ne pas tout perdre, nous devons sortir de l’individualisme et du nombrilisme.
Si nos aînés ont vécu dans un monde saturé de dogmes et de mythes, nous sommes nés dans une société vide de sens. Leur mission était de briser des chaînes, la nôtre sera de retisser des liens et de réinventer du commun. Des chemins existent pour sortir de l’impasse. Saurons-nous les emprunter ? »
Le livre
Raphaël Glucksmann en théoricien visionnaire tente de nous expliquer les ressorts d’un populisme débordant et d’une apathie globale de la part des forces de gauche modérée.
D’après lui : « … ce qui se produit aujourd’hui : l’individualisme a triomphé, le déséquilibre est si grand, le pôle collectif si affaibli que la balance ne fonctionne plus. «
Et plus loin : « On voit des entreprises multinationales refuser les lois des nations et chercher à leur imposer les leurs. On voit les banques sauvées par l’argent public maquiller leurs comptes et cacher leurs fonds dans des paradis fiscaux. On voit le cadre de la compétition cesser d’être opérant faute d’arbitre ayant les moyens de l’imposer. On voit des patrons gagner des élections avec comme slogan « J’ai réussi ma vie, laissez-moi gérer la vôtre ». On voit Berlusconi, dont on fit bêtement un attardé alors qu’il était un précurseur, se métastaser à travers l’Occident, de Trump aux États-Unis à Babiš en République tchèque. On voit les GAFA réfléchir aux villes de demain, inventer les nouveaux espaces publics, qui auront la spécificité vertigineuse d’être privés. Au nom du bien-être de chacun, et surtout de ceux qui en ont les moyens, nous allons vers quelque chose qui est loin, très loin de Locke ou de Kant, de Montesquieu ou de Hume : vers l’illusion d’une vie sans politique. Sans république. »
Les inégalités, la corruption, l’autorité démocratique, le contrôle citoyen… le livre s’érige en manifeste politique sans pour autant en dessiner des contours précis.
Une entreprise de destruction est également à l’oeuvre et, dans ce cadre, Emmanuel Macron n’est pas épargné :
« L’atmosphère socioculturelle dans laquelle baignent les dirigeants politiques a changé. The Economist note qu’ils passent, partout en Occident, de plus en plus de temps à organiser des levées de fonds, parmi les grandes fortunes, et de moins en moins dans leurs permanences locales, au contact des électeurs ou des militants. Logiquement, et parfois sans même s’en rendre compte, ils épousent les préoccupations des personnes qu’ils voient le plus. Ce phénomène est loin d’être propre aux États-Unis. Le 12 avril 2018, Emmanuel Macron accorde un entretien à Jean-Pierre Pernaut sur TF1. Interrogé sur la suppression partielle de l’impôt sur la fortune, il répond spontanément : « Ça fait trente ans que les gens nous disent : cet impôt est contre-productif. » Le journaliste ne relève pas, comme s’il s’agissait d’une évidence, et passe à autre chose. On est pourtant en droit de savoir qui sont « les gens » qui réclament la suppression de l’ISF depuis « trente ans ». Sur quel marché, dans quelle ville ou dans quel village de France les électeurs se jettent-ils sur les hommes et les femmes politiques pour protester contre l’injustice et l’inefficacité de l’ISF ? « Les gens », ce sont évidemment ceux qu’Emmanuel Macron fréquente, avec lesquels il discute[…] ».
La peur du populisme et particulièrement du Front National est également présente.
« … mes fils, ils étaient déjà FN avant Charlie. Nous étions pauvres mais nous avions le syndicat, nous avions l’usine, nous avions le Parti. Il y avait aussi l’église pour ceux qui croyaient. Le Syndicat était surtout une grande famille…. Mes deux fils, ils ont un téléphone, une maison, une voiture, mais ils n’ont pas de syndicat. Ils restent chezeux et ils ont peur qu’on vienne les voler. Alors oui ils sont plus riches, mais ils sont seuls, tellement plus seuls que je ne l’avais à leur âge. »
Quoiqu’il en soit et quelle que soit votre orientation, Raphaël Gluscksmann nous livre une réflexion intelligente, brillante et bienvenue dans une atmosphère déliquescente à l’approche des élections européennes.
Ses constats et ses tentatives de solutions lui appartiennent. Saura t-il les faire partager par le plus grand nombre?
😉 😉
Ce qu’en dit Le Figaro :
Pour l’acheter à la FNAC, mais évidemment mieux chez votre libraire : https://livre.fnac.com/a11118283/Raphael-Glucksmann-Les-Enfants-du-vide?omnsearchpos=1