Fin des années 80, dans le Nord de la France, des femmes sont violées tôt le matin, toujours de la même manière, sur la même route, le long de la rivière Sambre. Les policiers ne prennent pas la mesure de ces agressions et ne font pas le lien entre elles. La justice est débordée devant les dossiers qui s’accumulent. Il faudra trente ans pour arrêter un homme qui n’a jamais cessé d’agresser les femmes et qui est responsable d’au moins 54 viols ou agressions sexuelles.
Librement adaptée de l’ouvrage éponyme d’Alice Géraud retraçant la progression de l’enquête et ses répercussions depuis les années 1980 jusqu’à 2018, avec les débuts de l’ère #metoo, la série impose une relecture de cette trentaine d’années et de l’aveuglement d’une société aux fondements exclusivement masculins.
En effet, la force de la série est de raconter chaque épisode à une époque différente, du point de vue d’un personnage différent. Et pourtant, malgré une chronologie linéaire et sur un temps long, l’évidence est frappante : rien n’a changé durant cette période dans le regard porté sur les femmes agressées et violées.
Pourquoi ? Comment ? la série ne se positionne pas sur l’analyse des comportements mais expose sans imposer une vision de société ignorante ou absente de la vie quotidienne de ces femmes courage brisées par ce qu’elles ont subi dans leurs corps et leurs esprits.
La distribution est plus qu’épatante. D’une justesse parfaite, chacun des actrices/acteurs incarne les souffrances, les questionnements, les errements de personnages réels (même si scénarisés). Véritablement addictive, Sambre est une série française à visionner tout en respectant le rythme long et profond d’une mise en scène qui ne sacrifie jamais au clinquant.
France 2.