Avec le nouveau livre de Maylis de Kérangal se pose la question du roman. Qu’est ce qu’un roman ? Qu’attend le lecteur de sa découverte : un style, une histoire, des émotions? L’alchimie est délicate et l’appréciation toute personnelle…
Le pitch
“Paula s’avance lentement vers les plaques de marbre, pose sa paume à plat sur la paroi, mais au lieu du froid glacial de la pierre, c’est le grain de la peinture qu’elle éprouve. Elle s’approche tout près, regarde : c’est bien une image. Étonnée, elle se tourne vers les boiseries et recommence, recule puis avance, touche, comme si elle jouait à faire disparaître puis à faire revenir l’illusion initiale, progresse le long du mur, de plus en plus troublée tandis qu’elle passe les colonnes de pierre, les arches sculptées, les chapiteaux et les moulures, les stucs, atteint la fenêtre, prête à se pencher au-dehors, certaine qu’un autre monde se tient là, juste derrière, à portée de main, et partout son tâtonnement lui renvoie de la peinture. Une fois parvenue devant la mésange arrêtée sur sa branche, elle s’immobilise, allonge le bras dans l’aube rose, glisse ses doigts entre les plumes de l’oiseau, et tend l’oreille dans le feuillage.”
Le livre
Dans ce nouveau roman, Maylis de Kerangal explore la question de la représentation du monde, du trompe-l’œil en remontant jusqu’au premier geste pictural, celui des hommes de Lascaux. Noble questionnement, intéressant parallèle avec la littérature transmetteuse d’une forme de vérité.
Les protagonistes de Un monde à portée de main sont jeunes, insatiables et imprévisibles. Lancés dans une carrière où l’artiste est copieur et metteur en scène d’une vérité qui ne lui appartient pas, nos 3 héros arpentent les écoles d’art, les rénovations de villas, les studios de cinéma puis, comme un retour aux sources, les grottes des arts préhistoriques.
Cette trajectoire est décrite à l’envi, avec une force de précision qui amène à l’admiration et soulève quelques questions de fond. Noyé dans les détails (qui n’en sont sans doute pas pour certains), à la fois captivé et assoupi par un style dense et littéraire, le lecteur lambda (tel que je le suis) s’ennuie quelque peu.
Le sentiment d’un trop grand débordement, d’un travail sur le style et d’un fondement intellectuel assumé se fait au détriment de l’émotion et de l’histoire (avec un petit h).
Un monde à portée de main : un roman fragile et déroutant.
😉 😉
Le livre à la FNAC, mais c’est évidemment beaucoup mieux de vous le procurer chez votre libraire : https://livre.fnac.com/a12093553/Maylis-De-Kerangal-Un-monde-a-portee-de-main?NUMERICAL=Y#FORMAT=ePub