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« Les philanthropes américains ont créé un système qui assèche le bien public et qui charge ceux qui l’ont ruiné de le réparer. On demande aux incendiaires d’être les pompiers »

Un essayiste dénonce les très riches contributeurs américains qui font l’aumône à une société qu’ils auraient pillée. Outrecuidance, malveillance, fausse innocence… ? Comment se situer face à une “bienveillance” paternaliste devenu système fermé?

L’ ouvrage de Anand Giridharadas Les gagnants prennent tout. La charade des élites qui allaient changer le monde (Winners Take All. The Elite Charade of Changing the World, Knopf, 304 p., non traduit) est présenté comme ” … une radioscopie des valeurs que les gagnants du système ont inventées pour que le système ne change pas. “

Giridharadas dénonce ce qu’il appelle le ” consensus d’Aspen ” : ” Exigez des gagnants de notre temps qu’ils fassent davantage de bienfaisance. Mais ne leur demandez jamais, au grand jamais, de faire moins de mal. “ Il suffit pour cela en France de se rendre à quelques réunions organisées par des banques privées au profit de fondations pour se rendre compte du hiatus actuel.

Des philanthropes surs de leur fait et de leur cause viennent présenter à des futurs donateurs et à des associations dans le besoin le système dont ils sont fiers. Pourtant l’origine de leur fortune prête à discussion. En effet, certains hedge funds hautement spéculatifs prêts à tout dans un libéralisme qu’ils voudraient éclairé, viennent se faire applaudir en restituant une partie de leurs gains. Le pire étant que les besoins sont réels et leur aide souvent efficace. L’aumône a encore de beaux jours devant elle.

L’exemple de la consternation du Président Théodore Roosevelt face aux dons du milliardaire Carnegie, dans l’excellent article du Monde (IDH en date du 20 Octobre), est tout à fait éclairant : ” La dépense de ces fortunes en bienfaisance ne pourra jamais compenser l’inconduite qui a permis de les amasser. “

Dans le même article du Monde (de Marc Lecarpentier) est évoqué Mark Zuckerberg “… – l’homme qui fait perdre des heures chaque jour à des centaines de millions d’internautes sur Facebook-, a offert 100 millions de dollars pour redresser le -niveau des écoles de Newark, en face de New York, cité avec laquelle il n’avait aucun lien. La réforme globale du système éducatif attendra.

Devons-nous pour autant avoir peur pour l’avenir (même si l’évolution du climat incite à penser en ce sens) ? Peut-être à rapprocher du nouvel ouvrage de Raphaël Glucksmann Les enfants du vide et son analyse d’une démocratie libérale en panne.

Sa page Facebook : https://www.facebook.com/anandwrites

Son livre à la Fnac, mais c’est évidemment mieux chez votre libraire : https://www.fnac.com/SearchResult/ResultList.aspx?SCat=0%211&Search=giridharadas&sft=1&sa=0&omnsearchtype=4

Noté par Mictolblog

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